Interview de Aurora Gonzales

Interview de Aurora Gonzales

Comment est née l’idée de Journal d’un inconnu ? Avais-tu dès le départ cette envie d’explorer l’intimité d’un personnage à travers un journal audio ?

La plupart du temps, j’entame l’écriture d’un livre en ayant uniquement une scène en tête. Ici, j’avais imaginé un monologue poignant qui intervient au milieu de l’intrigue. En général, quand je n’arrive pas à me sortir une idée de la tête, je commence à écrire dans le but d’atteindre ce moment. Une fois que j’y parviens, j’ai suffisamment développé l’histoire pour pouvoir la mener jusqu’à sa fin. On peut dire que c’est de l’impro totale. Dans ce cas précis, je suis instinctivement parti sur un protagoniste qui a du mal à gérer ses émotions et qui cache sa véritable nature, d’où l’idée de la double vie de chroniqueur littéraire et la plateforme qu’il va utiliser quand ses émotions seront trop fortes. Parfois, il est plus simple de se confier à quelqu’un qu’on ne connaît pas plutôt que de se mettre à nu devant ses proches. 

Sid est un héros à double visage : le financier sûr de lui, et l’homme solitaire derrière un micro. Comment as-tu trouvé l’équilibre entre ces deux facettes ?

La personnalité de Sidney me parle. D’un côté, il y a mon emploi de chef de projet informatique, et de l’autre, ma passion pour l’écriture, que j’essaie d’allier tant bien que mal. Il m’a été facile de développer sa psychologie, car sa situation fait écho à la mienne. Il ne pense pas pouvoir vivre un jour de sa passion, mais cela ne l’empêche pas d’être profondément dévoué à la littérature, même si cette dualité reste difficile à gérer. 

La rencontre entre Sid et Ella sur le balcon est à la fois simple et bouleversante. Comment cette scène est-elle née dans ton esprit ?

Honnêtement, je me suis lancée dans l’écriture de ce manuscrit, et la scène est venue à moi sans que je puisse vraiment l’expliquer. Je pense qu’on a déjà tous rencontré quelqu’un, au hasard d’un événement, et partagé quelque chose d’unique le temps d’une soirée. J’aime l’idée qu’une rencontre, même éphémère, puisse changer notre perspective sur un sujet. 

Ella est une héroïne forte, pleine de douceur et d’imperfections. Qu’est-ce qu’elle représente pour toi personnellement ?

J’avais envie de créer une protagoniste forte, malgré les difficultés. Je voulais surtout qu’elle incarne la pression sociale à l’excellence qui pèse sur les femmes dans notre société, notamment dans les relations amoureuses. Personne ne devrait avoir à changer, physiquement ou autre, pour qui que ce soit. Par chance, il reste encore des personnes comme Sidney dans ce monde pour nous rappeler que nous sommes suffisants tels que nous sommes. 

Le roman aborde la solitude, la perte de soi, mais aussi la reconstruction et la renaissance. C’était important pour toi d’en parler ?

Pour être franche, j’ai toujours eu la chance d’être soutenue par ma famille et mes amis, et je n’ai pas traversé les mêmes épreuves que mes protagonistes même si j’ai eu mon lot de down et de remise en question. En revanche, ces sujets me semblent actuels et importants à évoquer. À travers l’histoire de Sidney, je veux surtout mettre en avant l’impact positif qu’a le fait de libérer la parole et d’accepter ses émotions. Nous vivons dans un monde qui voudrait que nous gardions tout à l’intérieur jusqu’à exploser, et je trouve cela toxique. Personnellement, c’est l’écriture qui m’aide à me libérer de ce qui peut peser sur mes épaules. 

On sent beaucoup de sincérité et d’émotion dans ton écriture. Quelle scène t’a le plus touchée ou marquée pendant la rédaction ?

J’ai versé pas mal de larmes pendant l’écriture. Tous les moments d’introspection de Sidney ont été difficiles à écrire, surtout ceux qui tournent autour de la maladie et de la perte d’un proche. En écrivant, on se met dans la peau de ses protagonistes, et ce n’est pas toujours simple. J’ai aussi un vrai coup de cœur pour la relation entre Sidney et ses amis, qui est pour moi l’un des piliers de cette histoire. 

Le concept du “journal d’un inconnu” aurait presque pu être un vrai podcast. T’es-tu inspirée de ton propre rapport à l’écriture ou à la parole ?

Quand je pose le dernier mot d’un manuscrit, c’est une véritable libération pour moi. J’écris depuis des années, mais je ne fais pas grand-chose de mes travaux, faute de temps et par peur de l’échec. Lorsque j’ai commencé l’écriture de celui-ci, je venais tout juste de prendre la décision de me battre pour faire éditer mes histoires. Je pense que cela m’a inspiré le personnage de Sidney, qui, comme moi, ne pensait pas que ce qu’il avait à dire pouvait intéresser quelqu’un. 

Si tu devais décrire ton roman en trois mots, lesquels choisirais-tu ?

Libération, amitié et amour

Que ressens-tu à l’idée que les lecteurs vont bientôt découvrir cette histoire et ces deux personnages si humains ?

Ce serait une véritable victoire pour moi que cette histoire touche les lecteurs et qu’ils ressentent les mêmes émotions que moi lorsque je l’ai écrite. On vit un peu dans une ère du « toujours plus » en romance, et cette fois, j’ai voulu me concentrer sur une histoire réaliste mais intense. Sidney est un book boyfriend à la fois authentique et profond, et j’espère que sa relative fragilité, sera une bouffée d’air frais dans ce monde de red flags. Ella, quant à elle, reflète tout ce que les femmes peuvent traverser en amour, et prouve que, parfois, cela vaut la peine de baisser la garde. Les green flags existent encore, j’y crois ! 

Et pour finir : que voudrais-tu que le lecteur ressente après avoir refermé Journal d’un inconnu ?

Personnellement, j’aime refermer un livre en étant légèrement abasourdie. Quand je pleure ou que je m’énerve contre des protagonistes, c’est le signe que je suis complètement immergée dans l’intrigue. J’espère donc réussir à faire vivre les mêmes émotions aux futurs lecteurs. Et pour celles et ceux qui verseront une larme ou deux… j’espère que vous ne m’en voudrez pas trop !

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